Anticorps

Alors que nous devenons de plus en plus blasés et déconnectés les uns des autres, ANTICORPS reflète notre détachement lors des vidéoconférences – la forme imposée des rencontres sociales durant la pandémie. L’œuvre remet également en question notre vulnérabilité face à ces plateformes accablantes qui nous obligent à renoncer à notre vie privée et à l’intimité des interactions réelles que nous tenions autrefois pour acquises.

ANTICORPS est une expérience interactive qui imite ce phénomène et crée une rencontre virtuelle similaire. Au fur et à mesure que les participants se joignent, un système suit leurs expressions faciales suscitées et répond en y superposant divers motifs visuels et sonorités. Après chaque interaction, les expériences enregistrées des différentes personnes sont ajoutées à une galerie d’êtres humains qui semblent désincarnés.

En l’absence d’autres options pour maintenir notre nature humaine sociale, nous étions  obligés de nous engager avec les plateformes de communication virtuelles des mois durant. En plus des risques de sécurité, nous étions également complètement exposés face à ces technologies qui écoutent nos conversations, suivent nos mouvements et étudient nos comportements. ANTICORPS met cela en lumière en visualisant clairement l’action de suivi actif avec des graphiques superposés sur chaque mouvement de nos visages. L’installation souligne aussi la question de la conscience de soi : dans la vraie vie, vous ne voyez que les autres autour de vous, jamais vous-même, alors que dans ce scénario de « nouvelle normalité », vous êtes également dans la foule que vous percevez, ce qui peut provoquer une pléthore d’émotions allant de susceptibilité. à la retenue et à l’insécurité. Enfin, ANTICORPS montre aussi à quel point il est facile d’être « présent » mais complètement distrait dans de tels contextes, en faisant semblant de prêter attention de par notre simple présence devant l’écran.